Retour sur la 2ème édition des Rencontres de l'Observatoire du MaaS du 24 janvier 2024

Evènement organisé par le CEREMA et la DGITM en partenariat avec Atec – ITS France

Avec le soutien de l’ADCET, la FNTV, SYNTEC Ingénierie et l’UTP

Ces rencontres ont permis de présenter les travaux menés en 2023 au sein de l’observatoire ainsi que partager des retours d’expériences et cas d’usages de Maas.

Retrouvez ci-dessous la synthèse des propos, les présentations et le replay de l’évènement !

Introduction


Gérôme Charrier (CEREMA) et Jean Seng (DGITM) ont introduit la journée en rappelant tout d’abord les objectifs de l’observatoire du MaaS :

  • Animer un collectif d’acteurs mobilisés sur la thématique du MaaS dans une logique de partage d’expériences et connaissances
  • Produire des références et des méthodes pour partager  des repères communs.
    Cette production repose sur l’organisation chaque année de groupes de travail partenariaux sur des thématiques particulières aboutissant à l’édition d’un document de synthèse
  • Partager une vision nationale des MaaS développés en France


Cet observatoire, piloté par le CEREMA et la DGITM, est basé sur une dynamique partenariale avec le concours du Gart, Régions de France, Agir Transport, ADCET, UTP, FNTV, Alliance des Mobilités, Syntec Ingénierie, la Fabrice des Mobilités et l'Atec-Its France, des AOM, opérateurs et acteurs de l'innovation.

Les groupes de travail thématiques sont également ouverts à toute la communauté des acteurs mobilisés sur le sujet MaaS, prêts à contribuer à cette dynamique collaborative.

Jean Seng a ensuite présenté l’objectif de ces rencontres nationales :

  • Présenter les résultats des travaux menés en 2023 dans le cadre de l’observatoire, donner la paroles à d’experts sur des thématiques particulières et bénéficier de retours d’expériences locales
  • Présenter des sujets nationaux pilotés par la DGITM, en particulier le projet de titre unique et les travaux menés sur l’article 28 de la LOM
     

Session 1 : Les MaaS, vecteurs de transformations ?

👉 MaaS et changement de comportement, le numérique peut-il influencer les pratiques de mobilité ? 

Laurent Briant (Mobility Metrix) a présenté les travaux du groupe de travail animé en 2023 avec près d’une quarantaine de personnes. 

3 sujets ont ainsi été abordés : 

  • La proposition d’un « modèle d’étapes » de changement de comportement propre aux usagers d’une solution MaaS. 
  • La structuration de profils types d’usagers permettant de segmenter la cible des « autosolistes »avec une description de leur logique de choix. 
  • L’identification des leviers clés du changement relatifs à l’offre modale et tarifaire, l’expérience utilisateur, au management de la mobilité.

Cette démarche d'analyse s'est également retrouvée incarnée au travers d’un personna.

Au cours de sa présentation Laurent Briant a notamment soulevé l’enjeu d’offrir le bon niveau de service à l’automobiliste, ceci dans l’environnement physique et numérique qu’il utilise au quotidien, pour l’accompagner vers l’intermodalité. 

L’enjeu de la collecte de données en continue sur les comportements des personnes a également été pointé, que ce soit depuis l’état initial (avant l’engagement vers le  changement) qu’au cours du processus de transformation des pratiques de mobilité. Cette collecte d’informations doit s’appuyer sur de la donnée quantitative comme qualitative (via par exemple des enquêtes).

👉 MaaS et indicateurs, comment mesurer la performance d'un projet MaaS ?

Joel Dampierre (Cityway) a présenté les travaux en cours de finalisation au sein du groupe de travail. 

Il a ainsi présenté :

  • Les objectifs de construction des indicateurs d’analyse des projets MaaS.
  • La méthode employée au sein du groupe de travail basée sur des présentation de projets MaaS et une analyse ciblée des problématiques liées à la définition d'indicateurs exploitables et pertinents.
  • La complexité de l’analyse liée à la diversité des projets MaaS.
  • les défis associés à la collecte des données.
  • la structuration en cours d’une grille d’indicateurs stratégiques et opérationnels

A noter que le rapport à paraître prochainement présentera un ensemble de recommandations dont l’essentielle : concevoir les indicateurs en même temps que la plateforme MaaS !

Au cours de son intervention, Joel Dampierre a également mentionné 10 recommandations issues du travail réalisé : 

  • Définir des objectifs clairs et précis assignés au MaaS
  • Identifier des indicateurs répondant à ces objectifs fixés
  • Mixer des indicateurs quantitatifs et qualitatifs
  • Ne pas oublier les indicateurs financiers
  • Mesurer l’expérience utilisateurs
  • Suivre l’usage de chaque mode
  • Intégrer des indicateurs de performance technique
  • Impliquer tous les partenaires du projet MaaS dans la définition des indicateurs
  • Construire des indicateurs d’impact environnemental
  • Ajuster la démarche en continue

👉 MaaS : quelles possibilités d’intégration pour transformer le transport public ? 

Sylvain Daou (Doctorant ENPC -PMP Strategy) a présenté la synthèse d’une étude menée dans le cadre d’une thèse en cours.

Basé sur 4 études de cas (Helsinki, Vienne, Gothenburg, Sydney), l’analyse met en évidence les impacts du MaaS en terme de variation de parts modales. 

Mettant en évidence une dynamique d'évolution, Sylvain Daou soulève cependant l'importance de relativiser cette visualisation d’impacts au regard des faibles retours d’expériences existants.

Face à cette incertitude d’impacts, se pose la question d’une intégration plus poussée de fonctions au sein de projets de MaaS évolutifs, ceci comme leviers d’orchestration de la mobilité à l’échelle des territoires.

👉 Déploiement du « titre de transport unique » national

Mélanie VEISSIER (Ministère des Transports - Agence de l'Innovation pour les Transports) a présenté le projet en cours de développement en revenant sur : 

  • La raison d’être et la genèse du projet.
  • Ses objectifs vis à vis des usagers ainsi que pour les AOM, l’Etat et les acteurs de l‘écosystème.
  • Le mode de développement du projet, ses prochaines étapes en vue d’une expérimentation fin 2024.
     

Il s'agit à la fois :

  • d'un projet opérationnel centré « usagers », basé sur un développement en mode agile d’une application facilitatrice d’un déplacement sans couture à l‘échelle nationale ;
  • d'une vision stratégique et une feuille de route de l’interopérabilité à l’échelle nationale permettant l’ouverture des canaux de vente et l’émergence de nouvelles solutions billettiques.

Un certain nombre de précisions ont ainsi pu être apportées au cours de l’échange concernant : 

  • les réseaux concernés par l’expérimentation, 
  • l’intégration des enjeux économiques dans le projet, 
  • l’approche de développement d’un support universel permettant avec un compte unique, de réaliser pour un trajet national un paiement unique,
  • l’échelle du projet visant à faciliter les déplacements nationaux avec une application nationale à mettre en expérimentation.
     

Session 2 : Retours d'expériences et cas d'usage

👉 La plateforme de mobilité servicielle (MaaS) du SMTC Clermontois

Tristan FAURE (SMTC Clermont-Ferrand) et Luc GAUMOND (EGIS) ont présenté le projet de MAAS de l’agglomération Clermontoise : Clermoov dont le lancement est prévue en avril 2024. 

Ont ainsi été présentés :

  • Les  6 objectifs initiaux du projet.
  • Les étapes du projet lancé en 2021 selon une démarche expérimentale.
  • Les services de mobilités intégrés dans le périmètre concernant les transports en commun, les services vélo, la marche, la voiture personnelle et le covoiturage.
  • Les conditions d’intégration de la billettique des transports urbains dans le Maas en lien avec le nouveau système de billettique déployé par Flowbird depuis 2022.

Par ce retour d’expérience, Tristan FAURE et Luc GAUMOND ont notamment mis en lumières quelques incontournables du projet (ou facteurs clés de succès) : 

  • le nécessaire développement selon un mode agile.
  • Les enjeux d’animation du partenariat public-privé.
  • l’importance du travail de coordination opérationnelle entre les différents acteurs industriels. 
  • Les enjeux associés l’acquisition d’une marketplace avec un Prestataire de Services de Paiement  (PSP).
  • l’encouragement des évolutions des différentes solutions existantes (ex : données en temps réel pour l‘information voyageur).
  • les capacités d’adaptation et d’arbitrage liés aux contraintes apparues en cours de projet.

👉 MaaS et paiement, cas d'usage, enjeux et solutions

Pierre VEILLON (WordLine), Adrien MARCILLE (Visa), Thomas GRANDGENEVRE (KISIO), Peggy DURAND (TRANSAMO), Jean-Philippe AMIEL (Nextendis) ont présenté les travaux du groupe de travail s’étant mobilisé en 2023 et ayant réuni près d’une quarantaine de participants.

Sur la base d’une identification des enjeux clés à traiter, le groupe - réunissant acteurs de la mobilité et du paiement - a travaillé sur 4 sujets clés :


Sur le sujet de l’expérience utilisateurs, Jean-Philippe Amiel a mis en évidence l’enjeu de simplification du parcours d’achat, depuis l’étape d’information jusqu’au paiement avec le constat qu’il existe une multitude de parcours clients possibles.

Peggy Durand a mis en exergue la nécessaire distinction entre panier unique, guichet unique et le principe de paiement unique. La diversité des parcours de paiement, la variété des produits tarifaires rendent difficile (mais réalisable) l’agrégation de paiement. 

Thomas GRANDGENEVRE a présenté les travaux menés sur l’analyse des conditions de gestion des recettes privées et publiques à partir du retour d’expérience de l’agglomération de Mulhouse. Plusieurs facteurs mettent en évidence la complexité de conjuguer recettes privées et publiques entre plusieurs acteurs avec la mobilisation d’un acteur mandataire du paiement. 

Enfin, Adrien  MARCILLE a présenté les principes clés de la chaîne de valeur monétique et les critères de choix des solutions de paiement à prendre en compte, ceci en  mettant en évidence les enjeux de recours à un opérateur « super-marchand » assurant l’acceptation du paiement et l’encaissement pour le compte de tiers. 

👉 MaaS et Voitures : quels services pour les conducteurs ?

Frédéric GAVEL (Syntec Ingéniérie - Ingerop) a présenté les travaux du Groupe de travail MaaS et Voiture en cours de finalisation. 

Basé sur l’enjeu de croisement entre les mondes de la « multimodalité » et de la « voiture »,  le travail s’est concentré autour de 3 axes ; 

  • La place de la voiture dans les applications MaaS publics
  • L’évolution des services dans l’écosystème routier
  • Les pistes d’évolution et recommandations


Pierre Plaindoux (mc2i) a présenté la dynamique d’évolution des projets de MaaS publics qui se sont progressivement enrichis de fonctions liés à l’usage de la voiture ( ex :l’autopartage, le covoiturage); ainsi que l'intégration du mode routier dans la chaîne de déplacement, en lien avec les enjeux d’intermodalité avec les transports publics.

Robert Giliotti (TAM – Montpellier) et Christelle Bottilagine (TAM – Montpellier)  ont présenté le retour d’expérience de l’agglomération de Montpellier sur l’intégration du stationnement et du réseau de bornes de recharge électrique dans le MAAS porté à l’échelle de la Métropole.

En s’appuyant sur les systèmes de collecte de données et systèmes d’information de maîtrise des flux existants (véhicules LAPI, Système de paiement en voirie, capteurs de présence de véhicules, systèmes parking) deux outils ont été développés : 

  • un observatoire du stationnement,
  • une application de guidage vers le stationnement disponible en parking et sur voirie.
     

Sur la mobilité électrique, la Métropole de Montpellier a lancé un appel à manifestation d’intérêt privé pour déployer 600 bornes de recharge sur l’espace public avec une volonté d’intégrer le parcours client dont le paiement dans l’application M’Ticket.

Jean-Marie Madore (Mobility Partner) indiquant d’autres travaux de même ordre menés (ex :Bordeaux, Monaco, Anvers, Montreal) a mis en exergue 2 aspects particuliers à prendre à compte : la voiture constitue un vecteur d’intermodalité et dans ce cadre la question du stationnement apparaît centrale pour les MaaS (malgré une véritable complexité).

Frédéric GAVEL a ensuite rappelé l’étendue des enjeux liés à l’évolution des services dans l’écosystème routier entrant en interaction directe avec les enjeux de développement de Maas (télépeage, stationnement ; systèmes ITS coopératifs et services embarqués dans les véhicules, ...)

Enfin les principales pistes d’évolutions et recommandations ont été mise en exergue pour réciproquement inclure la voiture dans le MaaS  et le MaaS dans la voiture ; ceci dans une logique d’intermodalité et d'accessibilité aux bouquets de service.  

👉 Une concertation nationale pour accompagner et accélérer l'ouverture des canaux de vente en France

Pour finir cette session, Jean SENG (DGITM) a présenté les travaux conduits par l’État en déclinaison de l’article 28 de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) sur « l’ouverture des canaux de vente ».

Après une présentation détaillée des enjeux liés à la mise en application de cet article 28, des travaux de concertation menés en 2023, Jean Seng a présenté les grandes lignes du plan d’actions construit autour de 3 axes : 

  • des actions de cartographie, 
  • des actions juridiques  
  • des actions opérationnelles.

En complément de ce plan d’actions en cours de finalisation, Jean Seng a souligné la démarche continue de la DGTIM pour la production de standards d’interopérabilité de données dans les MaaS.