Tableau de bord de la micromobilité
Données, analyse et contextualisation
Cette rubrique vise à présenter les données d’usage et d’accidentalité des engins de déplacement personnel motorisés (EDPm).
Ainsi, le tableau de bord remplit la fonction première de l'observatoire, en offrant un cadre de référence homogène sur la micromobilité aux collectivités pour faciliter l'orientation des politiques liées à cette question. Les informations présentées sur cette page doivent être complétées par les études d’organismes de recherche recensées à la rubrique documentation.
La rubrique "usage" regroupe l'essentiel des données disponibles sur les raisons d'utilisation des EDPm et des trottinettes électriques en libre-service et la manière dont ce mode est utilisé. La partie "accidentalité", alimentée par les données de l’ONISR, complétée par des données opérateurs, permet de suivre l’évolution des accidents en EDPm et d’en présenter les causes.
Les graphiques et la data visualisation aident à comprendre les données récoltées auprès de l’ONISR, des opérateurs de micromobilité et des autres partenaires de l’observatoire. Une analyse des résultats est également renseignée.
EDPm personnels
Il n'existe pas à ce jour de données actualisées sur la répartition du marché de la micromobilité et notamment sur la part des engins de déplacement personnel motorisés (EDPm) et les trottinettes électriques partagées en libre service.
Les chiffres de la Fédération des professionnels de la micromobilité (FPMM) indiquent qu'environ 2,5 millions de Français sont propriétaires d'une trottinette électrique en 2023, contre 640 000 en 2020. Ces chiffres ne permettent en pas de déterminer précisément la régularité d'utilisation ou les usages.
Par ailleurs, Fluctuo indiquait en 2022 que 3 millions de trajets par mois étaient réalisés avec une trottinette électrique partagée en libre service.
Enfin, une enquête Opinéa/Smart mobility d'octobre 2022 rapporte qu'1/3 des Français utilisent ou ont utilisé une trottinette électrique (personnelle ou partagée en libre service) de façon ponctuelle ou quotidienne.
Néanmoins, sur la base des enquêtes ménages certifiées Cerema (EMC2), des enquêtes réalisées régionalement auprès des habitants des territoires, sur la base d'un échantillon aléatoire représentatif de la population, il est possible d'affirmer que, sur la période 2018-2022, la part modale des EDPm est minime comparée à l'usage automobile, de la marche ou du vélo.
Modes regroupés | Part modale |
---|---|
Voiture et 2-roues motorisé | 57,9% |
Marche | 27% |
Transport en commun | 8,8% |
Vélo | 2,7% |
EDPm | 0,1% |
Autre | 3,5% |
Les EMC2 (voir graphique ci-contre) donnent également quelques indications sur l'utilisation que font les habitants d'un territoire des EDPm. Localement, les EDPm qu'ils soient partagés ou personnels, sont majoritairement utilisés en heure de pointe du matin (entre 7h et 10h) et en heure de pointe du soir (entre 16h et 18h). Un regain d'utilisation est observé au moment de la pause méridienne. En soirée, l'usage est légèrement plus élevé que les autres modes.
Les personnes interrogées dans le cadre de ces enquêtes (71% d'hommes, 29% de femmes), d'une moyenne d'âge de 27 ans (contre 40 ans pour le reste de la population), utilisent majoritairement les EDPm pour se rendre sur leur lieu de travail ou d'études.
En complément des données tirées des EMC2 la Fédération des professionnels de la micromobilité (FPMM) en partenariat avec le Smart Mobility Lab et OpinonWay a analysé les usages d’un panel de 860 propriétaires d'EDPm entre novembre 2020 et octobre 2022 dans le cadre de l’observatoire du programme CEE Mobiprox. Les résultats de cette étude doivent donc être analysés à l'aune des restrictions de déplacement en vigueur lors de l'épidémie de Covid-19.
Ce panel était composé à 59% d’hommes et à 41% de femmes. La majorité des répondants avaient entre 35 et 49 ans.
38% des répondants occupaient un poste de cadre ou exerçaient une profession intellectuelle supérieure au sens de l’INSEE. (voir infographie-ci-dessous).
Parmi les répondants à cette enquête, seul 40% avaient souscrit une assurance pour leur engin de déplacement personnel motorisé. Pour rappel, depuis 2019 la loi oblige les utilisateurs d’EDPm à assurer leur engin de déplacement afin de couvrir les dommages aux tiers « résultant d'atteintes aux personnes ou aux biens ».
Ces enquêtes indiquent une utilisation fréquente des EDPm personnels, 1 à 3 fois par semaine pour 50% des répondants et tous les jours ou presque pour 49% des interrogés. Le 1% restant du panel utilise son EDPm de manière plus ponctuelle. Les résultats de l'enquête Mobiprox sont cohérents avec ceux des enquêtes Cerema. L'utilisation des EDPm correspond majoritairement à des usages pendulaires, en semaine.
Les EDPm sont également utilisés à 44% le weekend et les motifs d’utilisation de ces nouveaux moyens de déplacement sont très variés (Cf : graphique ci-dessous).
Moins de 10% des répondants utilisent leur EDPm pour des trajets quotidiens de moins de 2km (des trajets habituellement réalisés à pied), 59% des répondants parcourent 3km à 10km quotidiennement et 23% utilisent leur EDPm pour réaliser des trajets de 10km et plus.
Ces modes sont en outre particulièrement sensibles à la saisonnalité, dans la mesure où 63% des interrogés déclarent soit changer de mode soit se déplacer moins en automne et en hiver, ce qui permet de supposer que les EDPm sont également utilisés pour effectuer des promenades sans objectif précis.
Enfin les usages des EDPm sont majoritairement intermodaux. Ainsi, 67% des répondants du panel Mobiprox affirment utiliser leur EDPm en combinaison avec un autre mode, à part égale entre l’automobile et les transports en commun.
En effet, parmi les 64% de répondants qui possédaient un vélo en plus d’un EDPm, les interrogés expliquent avoir choisi un EDPm plutôt qu’un vélo pour effectuer un trajet :
- Pour sa légèreté et sa transportabilité à 51%
- Pour l’utiliser en intermodalité à 37%
- Pour sa facilité de prise en main à 35%.
EDPm personnels et trottinettes électriques partagées
L’accidentalité routière est suivie par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), d’après les données enregistrées par les forces de l’ordre dans le fichier de bulletin d’analyse des accidents corporels de la circulation routière (BAAC). En conséquence, seuls sont répertoriés les accidents ayant nécessité l'intervention des services d'urgence hospitalier, accompagnés des services de police. Le nombre de blessés graves est estimé par l’ONISR à partir des BAAC et de la modélisation de l’Université Gustave Eiffel. L’ONISR publie chaque mois un baromètre de l’accidentalité routière.
Les résultats présentés dans cette section prennent en compte à la fois les EDPm personnels et les trottinettes électriques partagées.
Les cartes ci-dessous représentent la localisation des accidents d'EDPm en France métropolitaine; à gauche, pour les mois de mai-juin-juillet 2023 et à droite, pour les mois de septembre-octobre-novembre 2023 (enregistrées dans le fichier BAAC). En rouge, les accidents mortels, en orange les accidents avec blessé hospitalisé (ayant entraîné une journée d'hospitalisation ou plus) et en jaune les accidents avec blessé léger. Si la grande majorité des accidents ont eu lieu dans de grandes agglomérations, on observe que l’utilisation des EDPm se démocratise désormais partout en France.
D’après le baromètre annuel 2023 provisoire publié par l’ONISR, le nombre d'usagers d'EDPm personnel ou partagé ayant subi un accident grave augmente régulièrement depuis 2019 (voir le graphique ci-dessous), à mesure que la pratique des EDPm se développe.
En effet, cette croissance du nombre d'accidents en EDPm doit être mise en regard de la pratique récente de ce mode de déplacement : les premiers services de trottinettes électriques partagées en libre service apparaissent en 2018 en France et l'utilisation des EDPm s'est démocratisée après l'arrivée de ces services.
Ainsi, en 2022, Fluctuo recense 100 000 trajets par jour réalisés en trottinettes en libre service et la Fédération des professionnels de la micro-mobilité indique que le nombre de propriétaire de trottinettes électriques est passé de 640 000 en 2019 à 2,5 millions en 2023, soit une progression du marché de 290%. Ces chiffres doivent également être mis en perspective avec l'accidentalité des autres modes de déplacement.
L'ONISR estime que 20 670 personnes ont été blessées gravement entre le mois de décembre 2022 et le mois de décembre 2023 mois tous modes de déplacement confondus.
Le nombre de blessés graves en EDPm ou en trottinette électrique partagée apparaît relativement faible lorsque l'on compare le nombre d'usagers de ce mode blessés entre décembre 2022 et décembre 2023 (plus de 600 blessés graves) au nombre d’usagers de deux-roues motorisés gravement blessés sur la même période (+ de 5000 blessés grave) ou de cyclistes (+ de 2000 blessés grave).
Néanmoins, il faut analyser ces chiffres au regard de la part modale des EDPm et des trottinettes électriques partagées. Ainsi l'étude ELMOS menée par l'ONISR, l'UGE et le Cerema sur la période 2019 à 2021 dans le département du Rhône rapporte que les accidents d'EDP (à 90% des EDP à moteur) représentent 6,7% des accidents enregistrés au registre du Rhône. Bien que la part modale des EDPm ne soit pas connue, elle est nettement inférieure à 6,7%. En conséquence, il est possible d'affirmer qu'il s'agit d'une pratique accidentogène.
Qui plus est, le nombre d'usagers d'EDPm est le seul à connaître une augmentation significative (+ de 400 blessés par rapport à l’année 2019). Ce même constat peut être dressé pour le nombre de tués en EDPm.
Le nombre de tués en EDPm personnel ou partagé a augmenté fortement depuis 2019 et en particulier à l'été 2023. 42 personnes sont décédées en EDPm au cours de l'année 2023.
Sur la période 2020 - 2022, 67 utilisateurs d’EDPm sont décédés dans un accident de la route. 29 % d’entre eux sont décédés dans un accident sans tiers (dans 2 cas sur 3 la nuit), 37 % lors d’une collision dans laquelle ils étaient responsables, et 34 % lors d’une collision dans laquelle ils n’étaient pas responsables.
Les collisions sont pour moitié contre des véhicules de tourisme et pour moitié contre des véhicules lourds (véhicules utilitaires, poids lourds ou transports en commun).
Le premier facteur d’accident identifié chez les utilisateurs d’EDPm présumés responsables dans les accidents mortels 2020-2022, que ce soit seul ou en collision avec un autre véhicule, est l’alcool (31 %) ; puis l’inattention (26 %), la vitesse excessive ou inadaptée (21 %), les stupéfiants (18 %), et le non-respect des priorités (13 %). Ces facteurs peuvent se cumuler.
Par ailleurs, seulement 1 personne tuée en EDPm sur 5 portait un casque.
Plusieurs études disponibles dans la rubrique documentation avancent des éléments d'explication de l'accidentalité de ce mode et s'intéressent notamment au contexte de ces accidents. En effet, bien que les usagers d'EDPm soient particulièrement exposés, la gravité des accidents qu'ils subissent varie en fonction de l'environnement dans lequel il circule (en agglomération ou en dehors, sur une piste cyclable ou sur une route partagée avec des automobiles, etc.).
Ces éléments sont par ailleurs pris en compte dans le décret du 23 octobre 2019 qui fait entrer les EDPm dans le code de la route et qui impose l'obligation d'assurer son véhicule afin de le faire circuler dans l'espace public.
La plateforme Passim vise à répertorier progressivement l’ensemble des services de transports collectifs et de mobilité à l’échelle des territoires. Elle donne également accès à des données concernant chaque mode de transport et chaque type de données.
L’ensemble des données qui ont été publiées sont accessibles depuis le portail Passim.
Vous repérez des manques ? Des corrections à apporter ? N'hésitez pas à nous écrire : baseAOM@cerema.fr
Pour afficher les services de micromobilité en libre-service sans station disponibles sur le territoire, appliquez un filtre "Trottinettes libre service" dans la partie "type de transport" ci-dessous, puis cliquez sur "Rechercher".
La méthodologie de recensement des données dépend de la thématique abordée.
Usages
Les données d'usage présentées sur cette page proviennent des enquêtes EMC2 CEREMA, complétées par les résultats de l'observatoire Mobiprox, une initiative menée entre 2020 et 2022 par la fédération des professionnels de la micro-mobilité (FPMM) pour renseigner les usages d'EDPm personnels
Les données d'usage des services de trottinettes électriques partagées proviennent des données partagées par l'ensemble des opérateurs de trottinettes électriques en libre-service en France métropolitaine.
L'ensemble de ces données sont actualisées par l'enquête nationale sur les usages et usagers des trottinettes électriques, pilotée par le 6T-Bureau, financée et versée à l'Observatoire par l'ADEME.
Accidentalité
Les données présentées sur ce tableau de bord proviennent du bulletin des analyses sur les données Bulletin d'analyse des accidents corporels (BAAC) et du Registre du Rhône enrichies des analyses de l'Observatoire national interministériel pour la sécurité routière (ONISR) qui produit la cartographie de l'accidentalité des EDPm en France métropolitaine.
En complément de ces données les opérateurs de services de trottinettes électriques partagées ont transmis à l'observatoire leurs données sur l'accidentalité des utilisateurs de leurs services en France métropolitaine.
L'ensemble de ces données sont complétées par l'enquête nationale sur les usages et usagers des trottinettes électriques, pilotée par le 6T-Bureau, financée et versée à l'Observatoire par l'ADEME.