Expérimentation de micro-hubs de logistique urbaine sur des aires de livraison
Deux modules en bois ont été positionnés sur des aires de livraison. Ils ont permis un stockage tampon pour les flux de deux opérateurs avec des flux distincts, avec le recours à la cyclo-logistique.
Ce pilote répond à la problématique de manque de foncier dans Paris pour proposer de espaces de logistique urbaine permettant une distribution du dernier km en modes décarbonés.
Ce projet a permis à la Ville d’expérimenter une solution fixe innovante de distribution et d’enlèvement de marchandises, après plusieurs précédentes expérimentations, avec d’autres opérateurs économiques, autorisés à privatiser des emplacements sur l’espace public pour du stationnement de véhicules de livraison, avec une rotation journalière de véhicules.
L’expérimentation de Sogaris avait pour vocation de développer un nouveau schéma de distribution urbaine et, sur la base de la mesure des gains (écologique, énergétique, social), de tester si du mobilier implanté sur l’espace public solutionnait en partie les carences d’immobiliers logistiques à Paris.
Cette solution visait à :
-Démontrer l’intérêt de cette solution pour organiser une logistique de quartier tout en réduisant la congestion dans les zones à forte densité de trafic. Sogaris souhaitait, avec cette expérimentation, étudier une nouvelle forme de distribution de marchandises et s’employait, à travers ce pilote à trouver le schéma le plus performant et en phase avec les enjeux sociétaux et les objectifs de la Ville vers un apaisement général du cadre de vie des Parisiens et usagers de l’espace public (réduction des nuisances) ;
-Démontrer le gain de productivité avec ce nouveau schéma organisationnel en limitant les distances parcourues sur ce dernier maillon de la chaine logistique avec un mode de transport adapté ;
- Tester la pertinence et la viabilité, aussi bien opérationnelle qu’économique, du modèle de micros hubs en vue d’un éventuel déploiement à plus grande échelle ;
-Tester l’adaptabilité des processus aussi bien de Sogaris que des deux exploitants par rapport à cette nouvelle solution logistique.
Après une année d’utilisation, il est apparu que l’activité logistique était montée en puissance sur les deux sites, générant ainsi des gains environnementaux recensés par les exploitants.
Sur le site exploité par Les Cargonautes, l’expérimentation a permis aux deux associés de réinternaliser l’activité de collecte sur un site logistique standard.
L’insertion dans l’espace public des deux micro hubs n’est que partiellement réussie : certes aucune dégradation n’a entrainé l’arrêt de l’exploitation, mais des mésusages et le caractère ajouré des micro-hubs (laissant passer la pluie, exposant les colis aux salissures…) ont terni le bilan de cette expérimentation.
Le test a permis de valider la conception fonctionnelle du hub mais n’a pas permis de tirer des enseignements sur la pertinence de son modèle économique – a fortiori dans une perspective potentielle de déploiement à grande échelle.
Comment le projet fonctionne ?
Deux micros hubs en bois ont été implantés sur l’espace public, sur des aires de livraison. Ils étaient destinés à accueillir des flux de marchandises de deux operateurs Cargonautes et Ecolotrans.
La Ville s’est appuyée sur une délibération du Conseil de Paris permettant la réalisation d’expérimentations sur l’espace public. Ainsi, une convention d’expérimentation a été signée entre la Ville et Sogaris avec le versement d’une redevance annuelle faible.
Les hubs ont été développés par l’agence MOON, spécialiste de la construction modulaire.
Ces hubs ont fait l’objet de nombreux échanges avec les services de la Ville de Paris et les Architectes des Bâtiments de France au sujet de la forme, du design et de la qualité d’intégration dans l’espace public.
L’investisseur pour la réalisation des modules était Sogaris.
Le projet consistait à tester la pertinence d’un équipement logistique du dernier Km dédié à l’utilisation de vélos-cargos.
La démarche de conception des modules avec un habillage en bois de robinier (une essence particulièrement résistante et dense issue de producteurs franciliens) visant à garantir un approvisionnent en bois local issu de forêt éco-gérées a été récompensée par le jury du Booster Bois Biosourcés en 2021 (ce prix a été organisé par Fibois, l’interprofession qui fédère depuis 2004 l’ensemble des professionnels de la forêt et du bois, et la Région Île-de-France).
Quels sont les usagers concernés par le projet ?
Les deux microhubs ont accueilli des modèles d’exploitation différents : distribution de colis sur le hub localisé rue Réaumur par l’entreprise Ecolotrans ; et collecte de déchets sur le hub situé boulevard Beaumarchais par la coopérative Les Cargonautes associée à l’entreprise de recyclage Lemon Tri.
Le micro-hub Beaumarchais, opéré par Ecolotrans, ciblait une activité classique de type messagerie colis pour des livraisons à domicile au départ du micro-hub. Les remorques étaient chargées sur le site exploité par Ecolotrans situé Porte de Pantin, ce qui permettait aux commandes d’être déjà prêtes. Cela évitait les opérations de préparation de commandes aux abords du micro-hub sur l’espace public. Les remorques étaient acheminées tous les jours de la semaine dans le micro-hub par porteur. Le déchargement et la dépose dans le micro-hub s’effectuaient en 10 minutes environ. Les livreurs opéraient localement depuis le hub avec des tournées qui n’excédaient pas 10 km. Environ 15 livreurs étaient affectés à la distribution des colis et une quarantaine de tournées était réalisée chaque mois.
En dépit d’une activité en deçà du potentiel permis par le micro-hub, l’expérimentation a confirmé la pertinence du modèle pour la distribution de colis, en permettant de déployer l’activité cyclo logistique sur un périmètre urbain ne pouvant pas être couvert directement depuis le site de la Porte de Pantin.
Le micro-hub Réaumur utilisé par Les Cargonautes a permis une collaboration avec l’entreprise Lemon Tri spécialisée dans la valorisation des déchets recyclables. Lemon Tri, avant la concrétisation de ce partenariat, rencontrait des difficultés à collecter les déchets issus des bureaux de ses clients dans la zone Paris Centre. La congestion et les nombreux points de collectes complexifiaient le ramassage des déchets et avaient conduit Lemon Tri à ne plus pouvoir accepter de nouveaux points de collecte dans son modèle.
L’utilisation du micro-hub visait ainsi la consolidation de la collecte de déchets de bureaux et leur acheminement depuis le hub vers des centres de tri, permettant d’améliorer et de rationaliser sensiblement la collecte dans Paris Centre dans un premier temps et de proposer ensuite une nouvelle offre de collecte décarbonée aux clients.
Les marchandises (carton et des bouteilles en plastiques) étaient collectées puis entreposées dans des bacs. Environ 20 points de collecte de déchets ont été gérés, avec plusieurs passages pendant le mois. Les tournées étaient réalisées dans un rayon géographique de 5 km maximum. Ces collectes étaient réalisées par 15 coursiers. Une dizaine de retraits par mois a été effectuée depuis le micro-hub en porteurs (opérés par Lemon Tri).
Quels sont les clefs de réussites et les leviers facilitateurs du projet ?
Les clés de réussite relèvent des implications de la Ville et de la Maire d’arrondissement (Paris centre) qui a accueilli les deux micros hubs. Elles relèvent aussi de la Préfecture de Police qui a donné son accord, ainsi que de la Commission de Régulation de l’Esthétique sur l’espace public qui est une instance relevant de l’exécutif : cette dernière a donné son autorisation d’implanter ces micros hubs alors même que la Ville était engagée dans une politique de désencombrement de l’espace public.
Du fait de l’insuffisance de remontées d’informations sur les usages, les volumes traités et les utilisations faibles des deux micros hubs, il a été difficile pour la Ville de Paris d’établir un bilan précis. Les retours des opérateurs ont été trop faibles pour apprécier la possibilité d’un développement à grande échelle.
Un des opérateurs a exprimé son souhait de ne pas reconduire l’expérimentation car elle ne semblait pas répondre à leur schéma logistique et aux flux opérés. Le module a été jugé trop bas car ne permettant pas de faire entrer les rolls métalliques, ce qui semble avoir contraint l’opérateur. Le format ajouré du module a été identifié comme contraignant (sécurité/ intempéries). La nature du module ne permettait pas d’accueillir ni des marchandises sensibles, à haute valeur ajoutée, ni des produits frais. Par ailleurs les distances à parcourir pour la collecte des déchets entre les points de collecte étaient trop importantes pour être effectuées en vélo.
Le niveau de loyer pratiqué par Sogaris aux deux operateurs constitue un sujet d’appréciation, à mettre en perspective avec le service rendu dans un espace clos qui est protégé et équipé (électricité, sanitaires etc) .
L’exécutif parisien n’a pas autorisé Sogaris (avec d’autres opérateurs) à renouveler ni à prolonger l’usage des micros hubs. Un des opérateurs était en difficulté financière et l’autre ne souhaitait pas poursuivre le test. Par ailleurs, les élus ont considéré que les activités économiques devaient s’implanter sur des espaces privés et non pas sur l’espace public notamment dans la partie centrale de Paris, très sollicitée et où chaque m² d’espace public compte (végétalisation, piétonisation, etc.).
La position de l’exécutif avait été similaire sur un test d’une consigne automatique implantée durant plusieurs mois sur l’espace public.
Caractéristiques
48.8601, 2.3507
Expérimentation de micro-hubs de logistique urbaine sur des aires de livraison
Ville de Paris