Chantier public exemplaire en hypercentre
Pour un chantier d’envergure situé en hypercentre, la collectivité a mené une démarche de limitation des nuisances générées, en proposant des alternatives concrètes en matière de logistique urbaine, grâce à un cahier des charges rédigé spécifiquement et imposé à l’entreprise en charge des travaux.
Dans le cadre d’un chantier en hypercentre, la collectivité a mis en œuvre une approche innovante, centrée à la fois sur la performance logistique et sur la qualité des relations de proximité avec les usagers du territoire. Ce projet se distingue par l’intégration de critères d’analyse des offres inédits, valorisant l’organisation interne de l’entreprise, sa capacité à collaborer avec les riverains et les commerçants, et son engagement environnemental. Autre élément novateur : la collectivité a doublé le temps habituellement consacré à la phase de préparation du chantier, en l’étendant à deux mois complets. Cette anticipation logistique et relationnelle a permis de mieux comprendre les usages locaux, d’adapter les conditions d’intervention et de poser les bases d’un chantier respectueux de son environnement social, commercial et urbain.
Cette préparation renforcée a permis d’identifier très en amont les besoins spécifiques des usagers : commerçants, riverains, personnes en situation de handicap. Par exemple, l’absence de marquage des places de livraison a été volontaire, afin de maintenir de la souplesse dans l’espace public et faciliter l’accès des fournisseurs jusqu’à la limite du chantier. Une coordination étroite entre les chefs de chantier et les commerçants a été instaurée : les ouvriers sont sensibilisés à la qualité de la relation et n’hésitent pas à interrompre brièvement leur travail pour aider au déchargement des livraisons. Les commerçants bénéficient également d’un nettoyage de leur vitrine par les ouvriers du chantier. Les riverains bénéficient également d’un accompagnement quotidien : aide aux déplacements dans les zones devenues inaccessibles, en particulier pour les personnes à mobilité réduite.
Un plan de communication multi-niveaux a renforcé cette proximité : réunions publiques, communiqués de presse, panneaux adaptés aux contraintes visuelles des commerçants, présence sur les réseaux sociaux, et même des cafés chantier tous les deux mois réunissant techniciens, élus, riverains et commerçants. Le cheminement piéton a été particulièrement soigné grâce à un “tapis spaghetti” rouge, véritable fil conducteur rassurant pour les passants et permettant une cohabitation apaisée entre le chantier et la vie urbaine.
Sur le plan environnemental, le chantier se veut sobre et efficace : covoiturage systématique des ouvriers, limitation des véhicules, expérimentation d’engins électriques, tri et évacuation quotidienne des déchets, avec une attention portée aussi aux déchets des riverains. Il ne s’agit pas d’un dispositif rigide, mais d’une organisation fondée sur le bon sens, la bienveillance et l’écoute, au service d’un chantier qui respecte son territoire et ses habitants, tout en réduisant son impact carbone.
Comment le projet fonctionne ?
La formalisation en amont par les collectivités des éléments d’anticipation logistique et relationnelle constitue un levier essentiel pour garantir la réussite des chantiers et tendre vers des opérations exemplaires. À ce titre, la collectivité de Pau Béarn a élaboré une fiche préparatoire recensant l’ensemble des points clés à intégrer pour assurer un chantier exemplaire.
Cette fiche a permis d’alimenter le cahier des charges du projet en y intégrant des exigences précises, et a également servi de référence pour définir les critères d’analyse des offres. L’objectif est, à terme, de confier le suivi de ces critères de logistique urbaine durable au pilote de chantier, afin de garantir leur application tout au long de l’opération.
Cette démarche est transposable à d’autres projets, notamment dans le cadre des marchés de bâtiments, pour diffuser des pratiques plus vertueuses en matière d'organisation de chantier, de concertation locale et de réduction des impacts.
Quels sont les usagers concernés par le projet ?
Commerçants, riverains, salariés des chantiers.
Quels sont les clefs de réussites et les leviers facilitateurs du projet ?
Le succès de ce chantier en hypercentre repose sur une anticipation poussée, une posture d’écoute active vis-à-vis des usagers du territoire, et une transformation concrète des pratiques classiques de gestion de chantier.
1. Une phase de préparation renforcée comme fondement du projet
Allongée à deux mois complets (au lieu d’un mois classiquement), la phase préparatoire a permis d’identifier très en amont les attentes et contraintes locales. Ce temps d’immersion a facilité la co-construction d’une organisation de chantier plus adaptée, en intégrant les réalités des commerçants, des riverains, et des publics spécifiques (comme les personnes en situation de handicap).
2. Des critères d’analyse des offres innovants
Le cahier des charges a intégré des critères précis sur l’organisation logistique interne de l’entreprise, sa capacité à entretenir des relations de qualité avec les riverains et commerçants, et son engagement dans la réduction des nuisances. Ces éléments ont permis de sélectionner une entreprise à la hauteur des enjeux humains et environnementaux du projet.
3. Une gestion de chantier centrée sur la relation humaine
Le lien quotidien entre le chef de chantier et les commerçants a permis de fluidifier la cohabitation. Les équipes ont été sensibilisées et formées à intervenir avec bienveillance, n’hésitant pas à s’interrompre pour faciliter les livraisons ou aider les riverains à accéder à leur logement ou à leurs soins. Ces gestes simples ont contribué à instaurer une confiance mutuelle.
4. Une communication de proximité multicanale et adaptative
Réunions publiques, cafés chantiers, communiqués de presse, panneaux adaptés pour ne pas masquer les vitrines, réseaux sociaux : tout a été mis en œuvre pour maintenir une information continue et intelligible, et pour donner aux habitants et commerçants un rôle d’acteurs informés du chantier.
Au côté du chef de projet, un manageur de proximité était en lien direct avec les habitants et les commerçants pour faciliter la communication et la prise en charge des questions/ réponses et solutions aux impacts de chantiers.
5. Une exemplarité environnementale au quotidien
Covoiturage des équipes, expérimentation d’engins électriques, tri quotidien des déchets, propreté constante du chantier, gestion concertée des déchets riverains… Ces actions montrent qu’un chantier propre et sobre est possible, même en milieu urbain dense, sans surcoût majeur, en s’appuyant sur le bon sens et l’intelligence collective.
Ce type de projet est particulièrement adapté aux chantiers situés en zones urbaines denses et vivantes, où la cohabitation entre travaux et vie locale est cruciale. Il répond efficacement aux problématiques de nuisances perçues par les usagers, de maintien de l’activité économique locale, et de réduction de l’empreinte environnementale du secteur du BTP.
Les facteurs de réussite incluent :
- Un engagement fort de la collectivité en tant que maître d’ouvrage, avec une volonté politique de faire évoluer les pratiques.
- Un cahier des charges exigeant, intégrant des critères qualitatifs sur la logistique, la relation usager et l’impact environnemental.
- Un temps de préparation allongé, permettant l’écoute, l’observation fine du territoire et l’adaptation du chantier à ses spécificités.
- Une entreprise de travaux réceptive et volontaire, capable de s’impliquer dans une démarche relationnelle et environnementale.
- Une gouvernance de proximité, avec un chef de chantier formé à la médiation et à la gestion fine des relations locales.
- La présence d’un manager de proximité
Freins potentiels :
- Manque de temps ou de moyens humains côté maîtrise d’ouvrage pour allonger la phase préparatoire ou suivre la concertation.
- Absence de culture de la concertation ou du dialogue chez certaines entreprises ou encadrants de chantier.
- Résistance au changement (internes ou externes), notamment vis-à-vis des méthodes classiques de gestion de chantier.
- Risque de surcoût perçu lié à l’ajout de critères qualitatifs dans le marché (relation usagers, logistique douce, etc.).
Leviers pour y répondre :
- Inscrire ces exigences dès le lancement du projet pour qu’elles soient prises en compte dans la planification initiale.
- Former les chefs de projet et chefs de chantier aux relations de proximité, à la médiation et à la communication.
- Valoriser les bénéfices indirects du projet : réduction des tensions, adhésion des habitants, image renforcée de la collectivité.
- Appuyer sur le bon sens et la responsabilisation, plutôt que sur des obligations rigides, en favorisant la culture du terrain.
- Mettre en place un retour d’expérience documenté pour diffuser les bonnes pratiques et convaincre d’autres maîtres d’ouvrage.