Journée changement de comportement : bilan et supports

Dans le cadre de son cycle "Accompagner les changements de comportement", la Cellule régionale d'appui France Mobilités Pays de la Loire a donné rendez-vous le jeudi 30 juin à Ancenis pour une journée évènement permettant d'approfondir la thématique et de s'outiller collectivement.

Rassemblant plus de 80 participants (majoritairement techniciens de collectivités issus de toute la Région, mais également des élus, associations et entreprises engagées dans l’accompagnement au changement), cette journée a montré que le changement de pratiques de mobilité n’était pas un sujet inconnu des participants : 1/3 d’entre eux ont déclaré avoir déjà mis en œuvre une action d’accompagnement au changement.

Violaine Allais, directrice de projet planification territoriale à la Région Pays de la Loire, a dans son discours introductif rappelé l’urgence des enjeux sociaux et environnementaux de la mobilité, en évoquant notamment le tout nouveau rapport du GIEC Pays de la Loire. Elle a engagé les participants à s’emparer de ce levier de l’accompagnement au changement.

La journée s’inscrivait dans la suite des 3 webinaires organisés en 2021 par la Cellule Pays de la Loire, ce qu'a rappelé Didier Vivant, directeur de l’ORTM, en en présentant les principaux enseignements, tout en annonçant un RDV suivant concernant les entreprises pour ce cycle (« Comment les entreprises s’engagent-elles pour des mobilités durables ? », le 20 septembre).

Contenu des séquences thématiques :

1ère séquence : Accompagner le changement de pratiques : ce que disent les recherches récentes

Sébastien Meineri, de l’université Bretagne Sud, a présenté plusieurs cadres théoriques permettant de comprendre l’accompagnement au changement et présenté quelques leviers d’accompagnement, à destination notamment des collectivités : « créer des situations de rupture de l’habitude », « aider à améliorer notre capacité personnelle à réaliser le comportement », « situer l’individu par rapport au changement et personnaliser l’approche », etc.

Sébastien Meineri et Philippe Martin (cabinet Commun Accord) ont ensuite présenté les résultats de leur recherche sur le DIM (Diagnostic Individualisé de Mobilité), réalisée pour la DREAL Pays de la Loire. Ils ont élaboré une boîte à outils pour les collectivités et proposent 11 actions pour accompagner les individus dans un processus de changement de pratiques (ex. : « Action 1 : rendre visibles les normes sociales favorables » ; « Action 7 : planifier le changement » ; « Action 11 : former des groupes de réflexion »). La publication de la boîte à outils, et en particulier des 5 fiches-outils, a été annoncée pour avant la fin d'année.

Enfin, les chercheurs en mobilité Nathalie Ortar (Université de Lyon) et Adrien Poisson (université de Montpellier) ont partagé les résultats de leur recherche sur les trajectoires de cyclistes, menée entre Lyon et St-Etienne. S’intéressant aux éléments favorisant l’adoption du vélo au quotidien à l’âge adulte, ils ont évoqué l’importance de l’apprentissage à l’enfance, en particulier en rural et périurbain, « espaces d’apprentissage ». Ils ont également mis en avant le rôle des « figures » qui incitent à faire du vélo, et en particulier l’importance des figures féminines pour encourager les petites filles et adolescentes à adopter le vélo et résorber la forte différence de pratique entre garçons et filles. Ils ont, enfin, rappelé que la pratique du vélo (comme d’autres modes de déplacement) évolue au cours du cycle de vie, en fonction de l’usage, de l’état de santé, de l’arrivée des enfants, de la qualité des infrastructures, etc.

2ème séquence : Mobilité touristique, défis mobilité : comment les collectivités peuvent encourager les changements de pratiques de mobilité

Damien Courbe, du CEREMA, a présenté « l’opportunité pour expérimenter » que constituent les mobilités touristiques et évènementielles : opportunités pour les individus (qui ont « du temps pour expérimenter et prendre des risques sur leurs déplacements », sont amenés à « se poser des questions sur leurs déplacements ») ; mais également opportunités pour les collectivités, qui peuvent profiter d’évènements (festivals, marchés) ou des périodes touristiques pour tester (un nouveau plan de circulation, une réduction de places de stationnement, la mise en place d’un nouveau service…) tout en profitant d’une « acceptabilité sociale forte ».

La porosité entre pratiques de mobilité touristiques et quotidiennes a été plusieurs fois mentionnée, confortant l’importance d’encourager des mobilités alternatives chez les touristes, festivaliers, etc.

En fin de matinée, Sébastien Bourcier, de la Région Pays de la Loire, a présenté les résultats de l’édition 2022 du Défi Mobilité Pays de la Loire : des résultats en hausse, tant en termes de participants (6386 salariés et 4315 élèves, soit +70% et + 36% par rapport à 2021) que de km parcourus en modes écomobiles (730 400km, soit 2 fois plus qu’en 2021). Une évaluation précise des impacts du défi, et en particulier des effets à moyen terme, devant être réalisée en septembre et présentée en novembre 2022.

Séquences retours d'expérience et atelier de mise en pratique

Les participants ont ensuite participé à deux ateliers : un atelier de témoignages sur des actions d’accompagnement au changement à destination des seniors, et un atelier de mise en pratique.

Au cours de l’atelier de mise en pratique, 12 participants ont présenté un projet d’accompagnement au changement développé dans leur territoire. Cet atelier poursuivait 2 objectifs : favoriser le partage d’expérience entre participants et aider les porteurs de projet à trouver des solutions aux difficultés et blocages rencontrés. Ce format, inspiré du co-développement, a permis aux participants de s’immerger dans des projets réels, et permis aux porteurs de projets de bénéficier du recul des autres participants.

Les retours d’expérience présentés côté mobilités des seniors (Virginie Watine et Benoît Dupont côté Wimoov pour leur action autour des seniors dans les Hauts d’Anjou (49), Martin Chaucesse à la Ville de Dreux (28) pour des actions sur diverses cibles dont les seniors) ont permis de relever des points saillants :

-une problématique « acceptation du renoncement » : la difficulté pour les personnes d’accepter que leur corps a changé et les pousse à revoir leurs solutions de mobilité, d’accepter de renoncer à conduire une voiture – les personnes veulent en général rester conducteurs (impression que sans la voiture c’en est fini de leur mobilité) et la société les oblige à y renoncer

-de manière générale la difficulté de toucher des gens qui n’ont pas conscience de leurs besoins à venir, qu’à l’avenir ils ne pourront plus fonctionner comme aujourd’hui

-des problématiques psychosociales : même si l’offre de TC est présente les personnes peuvent avoir par exemple besoin d’être accompagnées à leur utilisation, sans quoi ne pas se sentir à l’aise pour cela (appréhension). De même, des solutions comme le vélo peuvent certes leur rappeler des souvenirs heureux de leur enfance, mais également apparaître pour eux comme un retour en arrière, un déclassement

-une problématique de santé évidemment

-un besoin important de financements, matériel… l’attente d’une évolution sur les modèles économiques

-l’enjeu d’insérer les personnes dans un parcours mobilité, visant à les sécuriser, les informer, les orienter vers les bonnes alternatives

 

Les supports de la journée :

Présentations matin_1.pdfPrésentations après-midi.pdf