Sortir des sentiers battus : la marche et le vélo, c’est aussi pour les ruraux
Retours d'expériences - Forum des solutions sur les mobilités rurales (2 juin 2025)
Le 2 juin 2025, à Dijon, le Forum des solutions sur les mobilités rurales a donné la parole à la CC Rahin et Chérimont, au PNR Millevaches en Limousin et à l'association Mines de Rayons pour partager leurs retours d'expériences sur leurs projets liés aux modes actifs.
Comment adapter les politiques en faveur des modes actifs aux réalités rurales ?
Dans les territoires ruraux et périurbains, la moitié des déplacements font moins de 5 kilomètres [1]. Les modes actifs ont ainsi un fort potentiel de développement en tant que substitut de la voiture individuelle pour certains trajets. Alors que la majorité des nouvelles adhésions à la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) provient désormais de territoires ruraux, les politiques des modes actifs doivent évoluer pour répondre à des enjeux distincts de ceux des centres urbains. Faible densité, voiries peu aménagées, distances intermédiaires : ces spécificités imposent une approche différenciée.
Au-delà des aménagements, comment créer une « culture vélo » dans les territoires ruraux ?
Développer la culture vélo auprès des habitants apparaît essentiel dans les territoires ruraux où 80% des habitants des zones rurales sont dépendants de la voiture [2]. Une première étape peut être d’encourager la pratique du vélo dès le plus jeune âge. Le programme Savoir rouler à vélo mis en œuvre par l’association Mines de Rayons dans la Communauté de communes du pays de Maîche vise à apprendre aux enfants de 6 à 11 ans à se déplacer à vélo en autonomie et en sécurité en impliquant les enseignants, les éducateurs sportifs, et si possible les parents d’élèves. Un autre moyen d’initier les enfants à la pratique du vélo est de structurer des services de ramassage scolaire en vélobus (véhicules équipés de plusieurs places accueillant un conducteur et des passagers, tous chargés de pédaler). Ces solutions ne nécessitent pas de lourds investissements mais demandent coordination, engagement local et reconnaissance institutionnelle.
Comment développer la voirie cyclable en limitant les aménagements lourds ?
Dans de nombreux territoires, la mise en œuvre de grands projets cyclables est freinée par un manque de moyens financiers, d'ingénierie ou de portage politique. Pour développer les voies cyclables sur un territoire, plusieurs leviers « frugaux » mais efficaces sont possibles : la requalification des voies à faible trafic, la sécurisation des accès aux routes, ou encore la priorisation d’aménagements de derniers kilomètres.
Au moment de réaliser son schéma directeur des mobilités actives, le Parc naturel régional de Millevaches en Limousin s’est appuyé sur les routes à faible trafic comme trame de base. Ses investissements ont été ciblés spécifiquement sur les « derniers kilomètres » permettant de sécuriser les connexions aux centralités et éviter les axes dangereux, en s’appuyant notamment sur les ressources du Cerema et de la DGITM.
Lauréate de deux appels à projets (Fonds mobilités actives et Fonds européens Leader-Feader), la Communauté de communes Rahin et Chérimont a pu réaliser plusieurs continuités cyclables sur un territoire où le vélo connait déjà une forte pratique touristique. La combinaison d’aménagements structurants avec les voies vertes déjà existantes permet aujourd’hui à l’EPCI de concrétiser un projet de voie verte intercommunale de 25 kilomètres.
Comment assurer la sécurité des usagers des modes actifs ?
Plus de la moitié des décès à vélo se produisent sur les routes de campagne [3], où la vitesse des véhicules excède 50 kms/h, pour une part de la pratique pourtant moins importante.
La ruralité souffre souvent d’un manque d’aménagements pour les piétons et les cyclistes. La sensibilisation, la signalétique, les aménagements de ralentissement et l’éducation à la mobilité sont des outils clés pour inverser la tendance. Il s’agit de recréer un équilibre des usages, en redonnant une place aux modes actifs dans l’espace public rural.
Merci à Lucile COUSIN, Coordinatrice et animatrice mobilité à vélo de l’association Mines de rayons, David TOURDOT et Mouad DADDA, respectivement Directeur général des services et Chargé de développement de la Communauté de communes Rahin et Chérimont, Martin CUSSON, Chargé de mission écomobilité pour le Parc naturel régional de Millevaches en Limousin pour leurs retours d'expériences, ainsi qu'à Chloé CHARRAT pour son expertise au titre de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB).
Pour aller plus loin...
[1] Étude "La France à 20 minutes à vélo", BL évolutions (2022), réalisée par Guillaume MARTIN et Nils BOKOBZA
[2] Mobilités dans les espaces peu denses en 2040 : un défi à relever dès aujourd'hui - Rapport d'information n°313 (2020-2021) de M. Olivier JACQUIN, fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective
[3] Article Que Choisir "Plus de cyclistes, plus d'accidents, plus de morts" (2023), Anne-Sophie STAMANE et Grégory CARET