Comment faire de la distribution un outil d’attractivité des mobilités sur le territoire national ? Compte rendu – Tables Rondes 13 juin 2024

La promesse du titre de transport unique

 

Synthèse globale – Tables Rondes 13 juin 2024

« Comment faire de la distribution un outil d’attractivité des mobilités sur le territoire national : la promesse du titre de transport unique »

Le 13 juin dernier, la Direction générale des Infrastructures, des Transports et des Mobilités (DGITM) a organisé et accueilli dans ses locaux de La Grande Arche de la Défense, trois tables rondes autour du projet Titre unique, plus particulièrement « Comment faire de la distribution un outil d’attractivité des mobilités sur le territoire national : la promesse du titre de transport unique ». Mélanie Vergnon, Sous-Directrice Multimodalité, Innovation, Numérique et Territoires (MINT), qui a introduit ces tables rondes, a remercié les 100 participants ((représentants de collectivités, opérateurs de transports, industriels billettiques, fournisseurs de services numériques, experts, presse…), ainsi que les différents intervenants, tous acteurs du transport et de la mobilité en France, pour cette réflexion collective. 

Stéphane Schulz a animé ces trois tables-rondes, dont la première a permis de partager les sources d’inspiration tirées des modèles des pays voisins, comme le système de distribution et de billettique de la Suisse ou des Pays Bas, mettant ainsi l'accent sur la nécessité d'une approche commune et unifiée pour harmoniser les pratiques à l'échelle nationale et palier à un certain retard de la France dans ce défi européen. 

Les deux autres tables-rondes étaient orientées sur la thématique d'innovation et de régulation dans la distribution des services de transport en France. Les échanges ont souligné l'importance d'une approche d'unification des pratiques, de simplification de l'expérience utilisateur au moyen de technologies comme l'open payment et d’adaptation des systèmes aux exigences de l'ouverture à la concurrence.

François Deletraz, Président de la FNAUT a conclu ces rencontres en insistant sur la nécessité de penser usages et usagers en adoptant une logique collective et et permettre in fine le report modal de la voiture vers le train.

 

Table ronde 1 : L'Europe et la distribution : Comment s'inspirer et travailler collectivement ?

Intervenants :  

  • Laura Brun, Responsable matériel roulant, infrastructures et systèmes, Mulhouse Alsace Agglomération (M2A),

  • Benoit Chauvin, Responsable du pôle technologie des transports et accessibilité, GART - Groupement des Autorités Responsables des Transports 

  • Mélanie Veissier, Cheffe de projet billettique multimodale unifiée, Direction générale des Infrastructures, des Transports et des Mobilités (DGITM)

 

Inspiration et collaboration européenne

Mélanie Veissier a souligné l'utilité des voyages en Suisse et aux Pays-Bas, organisés par la DGITM, permettant d’être une source d’inspiration pour le projet de "titre de transport unique". Elle a mis en avant la nécessité d'une réflexion collective sur le rôle de l'État et la valeur ajoutée des produits. Selon elle, "L'urgence est de progresser rapidement car l'Union Européenne ne nous attendra pas."

Modèles de distribution efficaces et standardisation des pratiques

Laura Brun, ayant participé au voyage d’étude en Suisse et inspirée par le Swiss Pass, a mis en lumière l'efficacité de la cadence des horaires et de la gestion uniformisée des tarifs “un trajet = 1 billet” en Suisse. Elle a insisté sur l'importance de rendre le système aussi simple que possible pour les usagers, en soulignant que "sans information, pas de Swiss Pass."

Mobilité par Association de Services (MAS ou MaaS en anglais) et régulation

Benoit Chauvin souligne la nécessité d'une stratégie de distribution et de pousser la MAS à l'échelle des bassins de vie. Il a discuté des défis posés par les MAS privés, affirmant que "des garde-fous sont nécessaires pour protéger les données des usagers." La standardisation des pratiques et l'accompagnement dans l’application de l’article 28 de la LOM pour les autorités organisatrices de la mobilité ont été évoqués comme essentiels.

Perspectives 

Les questions et réponses ont abordé la pertinence des applications à différentes échelles et des différents enjeux européens. Cette table-ronde a mis en lumière la diversité des approches européennes en matière de distribution des services de transport et l'importance d'une collaboration accrue pour relever les défis communs.

Table ronde 2  : L'innovation autour de la distribution vue par les autorités organisatrices de la mobilité

Intervenants :

  • Magalie Dujeancourt, Directrice nouvelles technologies, AGIR transport,

  • Artitz Videgain, Chef de service au sein du SMPBA (Syndicat des mobilités du Pays-Basque Adour),

  • Soazic Le Guen, Directrice Offres, études et aménagement, SMT (Syndicat des mobilités de Touraine)

Intégration de l'open payment et simplification de l'expérience utilisateurs

Soazic Le Guen a mis en avant l'initiative d'introduire l'open payment dans le cadre du projet de mise en service de la seconde ligne tramway de Tours Métropole en 2028. Elle vise à offrir "un parcours usager simple et lisible, sans couture", en complément du projet de Titre Unique. Le SMT expérimente également des solutions comme l’intégration tarifaire dans les haltes ferroviaires du ressort territorial pour proposer une offre plus intégrée.

Expérience utilisateur et intégration des nouvelles technologies

Artitz Videgain a partagé l'expérience réussie d’un titre unique à l'échelle du ressort territorial du SMPBA, soulignant l'importance d’une approche s’appuyant sur une multiplicité de canaux de vente. Il a également abordé le fait que l’usage croissant du ticket SMS ou de l’open payment permet l’augmentation de la fréquentation mais ne permet pas une collecte de données fines par rapport un système classique, ce qui peut avoir un impact sur la connaissance des usagers du réseau.

Marketing et adaptation aux besoins des usagers

Magalie Dujeancourt a souligné l'utilité du marketing pour répondre aux besoins des usagers, en insistant sur la nécessité de ne pas rester prisonnier de systèmes billettiques obsolètes. Elle a appelé à la standardisation des billettiques classiques ou, à défaut, à une transition vers le digital, tout en exprimant des difficultés sur l’application de l'article 28 de la LOM par les AOM.

Régulation et implications législatives

Les questions et réponses ont exploré les impacts de l'article 28. Soazic Le Guen indique que le SMT n’a pas encore identifié les impacts de l’application de l'article 28 sur le territoire du SMT, tandis qu'Artitz Videgain a souligné que le SMPBA était concerné par la saisine auprès de l'ART sur le sujet. Magalie Dujeancourt a mis le doigt sur la difficulté à ouvrir la distribution en France malgré les discussions en cours depuis plusieurs années et sur le modèle économique des acteurs privés.

Ainsi, les échanges ont permis d’insister sur l'importance croissante de l'innovation dans la distribution des services de transport, tout en soulignant les défis persistants liés à l’application de la réglementation, à la collecte de données et à l'adaptation aux nouvelles technologies pour améliorer l'expérience des usagers.

Table ronde 3  : Comment appréhender l'ouverture à la concurrence du rail dans la gestion de la distribution ?

Intervenants :  

  • Karen Poggi, Cheffe de service adjointe - Direction des Trains Régionaux et de l’Intermodalité - Région Sud

  • David Herrgott, Conseiller transports, Région de France (RdF),

  • Thomas Schneider, Responsable financier - Mission Autorité Organisatrice des trains d’équilibre du territoire (TET), Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités

Objectifs et défis de l'ouverture à la concurrence

Karen Poggi présente les ambitions de la région Sud pour améliorer la qualité de vie des usagers et la facilité d’accès aux transports régionaux. Pour cela, la région propose la mise en œuvre d’une gestion de la relation usagers unique sur son périmètre et notamment :

  • le réseau ferré en prenant en compte de l’ouverture à la concurrence,

  • le réseau routier interurbain.

Pour unifier la relation usagers, la Région travaille depuis trois ans sur la mise en place d’une délégation de service public (DSP) qui définit les attendus et les objectifs d’une relation usagers unifiées. L’objectif est de proposer un service simple pour les voyageurs.

Intégration et intermodalité

David Herrgott de Région de France a mis en avant l'importance de l'intégration et de l'intermodalité entre les réseaux régionaux. Avec 350 millions de voyageurs par an sur le TER, il a souligné la croissance significative des transports régionaux et le rôle des régions en tant que chef de file de l’intermodalité. Il a rappelé les efforts mais aussi les défis pour faciliter les correspondances entre le TER et les réseaux interurbains et urbains.

Simplification et équité dans la distribution

Thomas Schneider a insisté sur la nécessité d'une relation claire et équitable entre les opérateurs pour assurer la distribution des titres de transport des Trains d’Equilibre des Territoires. Il a présenté le scénario retenu par l’Etat qui s’appuie sur la mise en place d’une solution commune à toute l'offre TET ouverte à la concurrence : Ce système de distribution est appelé « GITE » (Gestionnaire de l'Inventaire de la Tarification et de l'Exposition des données). Il a vocation à être alimenté par les opérateurs ferroviaires et consommé par des distributeurs. Thomas Schneider rappelle que la distribution des titres TET via la plateforme Titre Unique nécessiterait des adaptations liées aux spécificités des produits tarifaires des TET (réservation à la place).

Les questions des participants ont porté sur les défis des correspondances entre TGV, TER et les cars. Coordination, transparence et optimisation de l'expérience utilisateur sont essentielles pour réussir cette transition.

Conclusion par le Président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT)

François Deletraz a insisté sur l'importance cruciale de faciliter l'usage du train en France pour encourager le report modal de la voiture vers le train. Il met en avant la complexité croissante dans la distribution des titres de transport comme un obstacle majeur, accentué par les disparités régionales. Pour réussir cette transition, il insiste sur la nécessité d'adopter une approche unifiée et simplifiée. Il est essentiel, selon lui et le résultat de l’enquête IFOP lancée par la FNAUT et accessible ici, de proposer une offre de transport attractive, simple d'utilisation et compétitive en termes de prix.

 

Une synthèse plus complète est disponible ici.